Voici une question que vous avez pu vous poser, surtout si vous êtes russe, fortuné et que vous fréquentez les plages de la côte d’Azur... Car pour l'estivant, c'est clair, une méduse ne sert à rien sauf à gâcher les vacances en bord de mer.
Mais lorsque l'on tente de répondre à cette question, on s'aperçoit que la méduse ne sert pas seulement de repas aux albatros et autre poisson lune.
Primo. La méduse aiguise notre curiosité.
Pour le prouver et sans vouloir choquer personne, je voudrais commencer par évoquer la reproduction des méduses… Car voilà quelque chose de remarquable ! Comment un animal sans cerveau et sans cœur peut-il se reproduire de manière aussi complexe et amusante ?
On lit sur le web des articles étonnants qui prétendent que « les méduses se reproduisent lors de leur mort », précisant que « lorsqu'une méduse mâle est tuée, elle (il ?) libère ses spermatozoïdes qui se dispersent dans l'océan... » (Wikipedia). Soit. Mais ce qui est plus sérieusement démontré, c’est que les œufs fécondés par le fait du hasard océanique deviennent de minuscules larves (planulae), un peu poilues, qui tombent sur le fond des océans puis s’accrochent à la roche ou aux algues et se transforment en polypes.
Saviez-vous que, selon les espèces, ceux-ci marchent littéralement sur les fonds et participent alors à la reproduction (on appelle ce curieux phénomène strobilation) ?
Regardez ci-dessous cet extraordinaire petit documentaire qui explique bien le phénomène.
Vraiment, la méduse est un animal spectaculaire.
Bien sûr la mythologie, la littérature, les arts, la science et… l’actualité des plages ont ancré dans nos esprits l’image de cet animal à la fois redouté et merveilleux. Comment ne pas être intrigué par Cyanea capillata, dont le petit nom est « Crinière de lion » ? Selon la poétique Encyclopédie Larousse, « elle doit son nom à sa magnifique couleur bleue et à ses quelque 150 tentacules répartis en huit touffes qui s'enchevêtrent comme des cheveux au vent ». Avec ses 3 mètres de diamètre « c'est la plus grande méduse connue », ses tentacules mesurent jusqu’à 50 mètres en extension. On ne doute pas un seul instant que « son venin est particulièrement actif », mais bon, ce n’est pas cette habitante des alentours de l’antarctique qui va gâcher les vacances de nos baigneuses azuréennes bronzées.

Deuxio : la méduse effraie les baigneurs.
Une deuxième utilité des méduses est de faire trembler le nageur pétrifié. Mais, comment cet animal transparent qui ressemble à une lampe de chevet suédoise, sans poumon, ni branchies, ni coquille, carapace ou squelette, sans cornes ni dents pointues peut-il semer la terreur sur nos côtes ?
Il faut dire que ces gélatines flottantes ont de quoi effrayer le baigneur médusé : leurs tentacules venimeux peuvent, dans certains cas, tuer un humain, ce qui irrite les nageurs, nous le comprenons. Le problème de la méduse n’est donc pas sa diaphane bioluminescence, qui, de nuit, la ferait ressembler à un fantomatique flan lumineux. Non, ce n’est pas ce qui est effrayant. Le danger c’est la souffrance provoquée par les tentacules très urticants.
Pelagia noctiluca la petite méduse mauve et brune provoque sur nos côtes des « brûlures » douloureuses. Plus loin de nous, au nord de l’Australie, le venin de Chironex fleckeri, surnommée la « guêpe de mer », peut provoquer la mort dans les 5 minutes en attaquant le système nerveux et en laissant le cœur en contraction. On lit à droite et à gauche que c’est l’animal marin le plus dangereux de la planète en terme de mortalité, bien avant le requin.
Tertio. La méduse fait chercher les chercheurs
Une autre utilité de la méduse, pour ceux qui douteraient encore des avantages de celle-ci, c’est bien d’encourager nos scientifiques à se pencher sur leurs tentacules car on ne sait finalement pas grand chose sur ce qui pourrait être pourtant l’animal le plus ancien de notre planète. Il faut bien avouer que la méduse laisse souvent les chercheurs vagues. Combien de fois lisons-nous, à travers les articles océanographiques, des termes qui trahissent notre manque de connaissances à son sujet ?
Bien sûr, nous avons quelques savoirs sur les méduses. Elles sont composées de 97 % d'eau et de 3 % de matière gélatineuse, on sait qu’elles font partie du plancton, qu’elles sont apparues sur Terre il y a environ 560 millions d'années comme en attestent les empreintes fossiles que l’on a pu dater, qu’elles pullulent peut-être à cause de l’amenuisement de certains prédateurs comme le thon ou la tortue et en raison de la température de l’eau… Cela dit, il est amusant de lire parfois dans les articles spécialisés (National Geographic, Encyclopédie Larousse, Futura Science, différents Wiki…) des expressions comme celles que j’ai relevées pour vous où l’on se rend compte que les méduses inspirent nos scientifiques étonnés qui ne rechignent pas à utiliser un langage imagé, voire approximatif :
- les méduses « jouent un rôle encore mal compris, mais probablement important dans la régulation des populations de poissons et de zooplancton ».
- « Si les petites méduses ont une durée de vie qui ne dépasse pas 2 à 3 mois, on sait, en revanche, peu de choses sur celle des scyphoméduses ».
- « Pelagia et Aurelia semblent ne pas dépasser l'année ».
- « Elle possède en effet 4 « grappes » de 6 yeux qui lui permettent de former des images. On ne sait toutefois pas encore comment elles sont capables de traiter ces informations ».
- « L'origine évolutive exacte de la forme méduse est encore mal comprise »…
Et pour finir :
- on voit sur les polypes « des étranglements qui les font ressembler à une pile d'assiettes. Elles s’éjectent les unes après les autres et les petites méduses se mettent à nager activement »…
Alors, vous avez vu, son rôle sur Terre ne consiste évidemment pas seulement à ennuyer les estivants. Il n’est donc plus permis de douter de l’utilité de la méduse.
Fascinante, elle aiguise notre curiosité scientifique (et notre appétit : séchée la méduse est un met apprécié en Asie.
Maladroite, elle épouvante malgré elle des vacanciers et par conséquent des maires et des commerçants des plages touchées (mais en contre partie fait parler et incite à la création (romans, films…).
Secrète, elle fait s’exprimer les chercheurs comme des gens pas très scientifiques en ouvrant des abysses de recherche pour la connaître mieux.
Ah ! Au fait, si vous avez des nouvelles des 2 478 méduses envoyées dans l’espace avec la navette Columbia lancée en juin 1991, faites-le savoir !

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