Et maintenant raconté par le premier témoin :
"... un petit 25 nœuds de vent, apparent j’entends, pas grand chose donc, de la mer, ça oui, le bateau dérive de 30°, VMG 1,5 nœuds, ça promet. D'autant que cela se confirme, nous allons nous taper, 200 à 250 milles au près dans la brise et dans une mer qui s'annonce formée.
Alors, passera ? Passera pas ?
Première chose à faire, les réglages, comme en dériveur, foc bordé à fond, grand voile (2 ou 3 ris), bien bordée, chariot presque entièrement sous le vent et... Et moteur, moteur sous le vent, 1 200 tours, inutile d'aller trop vite, le bateau explose à chaque vague, dérive comme un malade à la sortie, 5 nœuds ça va bien, pilote en mode vent, 40° du vent, nous progressons, lentement, mais nous progressons.
D'autant plus que nous allons jouer notre Joker.
Le cap Hatteras, n'est plus très loin, il faut le passer et ensuite encore gagner 100 milles, sans se laisser rabattre contre la côte, le contre bord serait une catastrophe.
Alors ce joker ?
Nous montons autant que possible vers le nord, et entre nous et la côte ?
Mais si vous le connaissez, la douceur de la Bretagne, ses artichauts, les plantes tropicales des jardins des Scilly... le Gulf Stream, évidemment !
Maintenant, il faut y croire et il se fait désirer, nous montons, cela deviens de plus en plus difficile, à bord ce n'est plus qu'un fracas permanent, plus rien de sec, U Neat est balloté, bringueballé, je suis à 2 doigts de renoncer, mais pour aller où ? Il faut continuer, il faut y croire, ce Gulf Stream, il doit être là, ah... La température de l'eau monte, 19°, 20, 21… 24. Yesss, nous y sommes, oouuuuuff, aspirateur, tapis roulant, une fronde, cap Canaveral. En entrant dans le courant nous faisions tribord à peine 280, nous ne passions pas le Cap Hatteras, alors quant à imaginer atteindre la Chesapeake Bay ! Et là notre bord adonne, adonne, l'ascenseur, du 280 on se retrouve quasiment plein Nord, ça va passer !
Non attention quand même, encore 2 obstacles.
La mer, vous pensez bien qu'avec un courant pareil, vent contre courant, 30 nœuds quand même et avec du fetch... Les vagues viennent du fin fond de l'Atlantique, de ses entrailles ? Et bien, le Bali résiste, à chaque vague, grondement sourd, ou choc sec, vibrations interminables, on se demande si ça va tenir, ça tiens.
Et puis tout a une fin, nous allons en sortir du Gulf Stream, et après, après il restera plus de 100 milles au vent de la côte, bof, bof... Il faut monter. Nous montons, nous montons, mais il faut aussi se décider, ce n'est pas New York notre destination ; allez on y va. Et là c'est encore plus fou.
La couleur de l'eau passe quasiment instantanément, à peine 3 longueurs de bateau, du bleu des mers du sud à un vert proche de celui que nous connaissons dans les pertuis.
Une brutale remontée des fonds qui passent de 2 000 à 30 mètres en moins de 15 milles (ça doit faire une belle falaise là dessous non ?) s'accompagne d'une surprenante baisse de température de l'eau, de 24 à ?
Tenez vous bien de 24 à 11°, 10° un peu plus loin. Il m'a fallu ressortir ma seule paire de chaussette, doubler les polaires, quant au pauvre Nicolas habitué depuis maintenant 10 ans aux tropiques...
Il nous faut donc affronter le froid, pas prévu, mais bon l'essentiel est là, le vent adonne un peu, ça passe. Encore une journée au près dans la brise, mais nous faisons la route. Au petit matin, le tunnel, le pont, l'entrée de la Cheasapeake..."
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